Vous croyez tout savoir sur le management parce que vous connaissez vos classiques ? Jérôme Barthélemy vous donne les clés pour remettre en cause les idées reçues – mais fausses ! – les plus entendues.
D’après une étude réalisée par l’institut de sondages Gallup en 2017, seuls 6 % des salariés français seraient réellement impliqués dans leur travail. 69 % d’entre eux ne seraient pas impliqués… et les 25 % restants seraient « activement désimpliqués ». En d’autres termes, leur principal objectif serait de démotiver leurs collègues.
Pourquoi les salariés sont-ils aussi peu impliqués dans leur travail ?
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas une question d’argent. Au-dessous d’un certain seuil, une rémunération insuffisante pose problème. Au-delà de ce seuil, augmenter la rémunération ne permet pas d’accroître la motivation. En s’appuyant sur les travaux menés par des chercheurs comme Edward Deci, Richard Ryan et Mihaly Csikszentmihalyi, Daniel Pink a identifié les trois principaux ressorts de la motivation au travail :
• L’autonomie. Dans une entreprise, l’autonomie peut prendre des formes très différentes. Elle permet notamment de décider ce sur quoi on travaille, avec qui l’on travaille, comment on travaille et quand on travaille. Altissian est une SSII australienne. Une fois par trimestre, ses employés peuvent consacrer 24 heures à un projet qu’ils ont librement choisi. Le seul prérequis est qu’il ne fasse pas partie de leur périmètre d’activité habituel. L’opération commence le jeudi à 14 heures et se termine le vendredi à 16 heures Elle est appelée FedEx day… car FedEx « livre ses clients le lendemain » !
• La maîtrise. Plus on a le sentiment de maîtriser une activité, plus on est motivé. Idéalement, il faut que l’activité ne soit ni trop facile ni trop difficile. Si elle est trop facile, le fait de la maîtriser ne nous apportera aucune satisfaction. Si elle est trop difficile, on ne parviendra jamais à la maîtriser. Ce ressort de la motivation permet d’expliquer le succès de Wikipédia par exemple. Au début des années 2000, permet n’aurait parié que Wikipédia (une encyclopédie rédigée « pour le plaisir » par des dizaines de milliers de bénévoles) aurait plus de succès qu’Encarta (une encyclopédie rédigée par des experts rémunérés par Microsoft, la plus grande entreprise du monde).
• La finalité. Créer de la valeur pour les actionnaires ne fait rêver personne. On est beaucoup plus motivé quand on travaille dans une entreprise qui a une véritable raison d’être. Les employés d’IKEA par exemple ne se voient pas comme des gens qui vendent des meubles bon marché. Ils se voient plutôt comme les employés d’une entreprise qui contribue à améliorer la vie quotidienne de tous ceux qui ne peuvent pas se payer des meubles haut de gamme.
En bref, l’argent n’est pas le ressort principal de la motivation. Si le niveau d’implication est aussi faible dans la plupart des entreprises, c’est parce que l’autonomie, la maîtrise et la finalité y sont absentes…