Sociologie des émotions
Présentation du livre
Les dix dernières années se sont caractérisées en France par un essor de publications, en sciences sociales, sur et autour des émotions, au point qu’on a pu évoquer l’existence d’un « emotional turn ». Ce manuel rend compte de ce récent champ de recherche qu’est la sociologie des émotions, avec ses fondements théoriques, des exemples empiriques et les enjeux épistémologiques de sa constitution.
Il s’agit de s’interroger, dans un premier temps, sur les raisons historiques du rejet ou de la dévalorisation des émotions chez les « pères fondateurs » de la scoiologie. Seront explorés ensuite les apports de la sociologie des émotions, en posant la question de ce que peut la sociologie en matière d’émotions : doit-elle se limiter à l’analyse des variations sociales de la gestion et des expressions émotionnelles ? Ou son ambition peut-elle aller jusqu’à explorer les variations sociales des ressentis eux-mêmes, voire à expliciter leur origine et leur développement, souvent relégués dans le champ de la biologie ou de la psychologie ? En quoi la prise en compte des émotions vient-elle enrichir des thématiques classiques comme la sociologie politique, la sociologie de la culture, de l’enfance, du travail ou du goût ? Enfin, la réflexion portera sur la place du chercheur dans cette prise en compte des émotions : les émotions ne sont-elles qu’un objet, sociologiquement construit, ou viennent-elles interroger la place, extérieure, surplombante, du chercheur, exigeant de lui d’être, également, « affecté » ?
Sommaire de l'ouvrage
I : Les émotions, filles malheureuses du savoir en Occident ?
Emotions et raison : histoire d’une dévalorisation
La tradition organiciste
II : Un héritage de la sociologie française en demi-teinte
Des réticences
Des possibilités
III : La fabrique sociale des émotions : un emotional turn ?
Historiennes et anthropologues : les enquêtes pionnières pour une approche constructiviste des émotions
Arlie Hochschild, « les règles des sentiments », les règles d’encadrement et le travail émotionnel
Les émotions et l'action
IV : Emotions, inégalités et pouvoir
Les émotions comme moyen de produire et de légitimer l’ordre sexué, social et racial
L’apport des travaux féministes sur l’amour
Les émotions comme marchandises dans un nouvel ordre capitaliste
La maîtrise des émotions (du ou par le) pouvoir
V : Un nouveau champ de recherche ou une nouvelle manière de questionner des objets classiques ?
L’extension du domaine des émotions : dispersion ou nouveaux objets
De nouveaux défis pour les sciences sociales
Et les émotions du chercheur ? : que faire des émotions dans la relation d’enquête ?
Conclusion : Nouveau champ, nouvel objet ou catégorie d’analyse transversale ?