Découvrez ici l’impact considérable des 1000 premiers jours de notre vie sur le développement de notre cerveau et notamment sur notre gestion du stress et notre relation aux autres, à l’échelle de la vie.
Dans cette carte blanche, Joanna Smith nous explique comment les avancées scientifiques nous permettent de mesurer à quel point, cette période des 1000 premiers jours, correspond à une croissance très importante au niveau cérébral.
Joanna Smith, psychologue clinicienne, superviseure et formatrice agréée en LI-ICV, se spécialise dans le traitement des traumatismes, notamment ceux survenus au cours des 1 000 premiers jours de vie, des troubles dissociatifs et des blessures d'attachement.
Quelles traces garde-t-on des 1000 premiers jours de sa vie ?
Pendant très longtemps on a pensé que les 1000 premiers jours de la vie ne laissaient aucune trace puisqu'on ne s'en souvenait pas. Grâce aux progrès des neurosciences, on a pu prouver que cette période a au contraire un impact considérable sur le développement de notre cerveau et notamment sur notre gestion du stress et notre relation aux autres, à l’échelle de la vie.
Comment est-ce possible ?
Une idée clé à connaître est le fait que le cerveau humain est en réalité très peu déterminé par nos gènes : nos fonctions les plus basiques, comme la régulation de la température ou du rythme cardiaque sont certes très déterminées génétiquement, mais nos compétences les plus sophistiquées, comme la résolution de problèmes, le fait de contenir nos impulsions ou la relation avec les autres sont très fortement influencées par nos expériences.
Notre expérience nous influence sous deux formes principales :
🔸 Notre cerveau se développe en fonction des expériences qu'il fait, c'est-à-dire qu'il se spécialise pour s'adapter à l'environnement dans lequel il vit. Il est particulièrement sensible aux relations aux autres humains, donc ce sont spécialement les relations qui contribuent à modeler le cerveau du petit humain. Mieux on le stimule, en lui parlant, en s’ajustant à lui avec sensibilité, plus un petit humain s’épanouit et mieux il développe ses compétences.
🔸 Le développement de notre cerveau est également très sensible aux hormones de stress. Il faut savoir que le cerveau se développe par périodes : il ne développe pas toutes ses compétences à la fois, mais les unes après les autres. Les hormones de stress sont nécessaires pour se développer, mais au-delà d'un certain seuil, elles deviennent toxiques. Le trop plein d'hormones de stress, qu'il soit aigu ou chronique, impacte les compétences qui sont en plein développement au moment où il survient.
En réalité, ces deux dimensions s'associent : grâce à la théorie de l'attachement, on peut comprendre comment la figure d'attachement sert de régulateur du niveau d'hormones de stress auquel le cerveau du tout petit est exposé. Lorsque la figure d'attachement réagit pour protéger et apaiser l'enfant en cas de stress (peur, maladie, douleur, nouveauté…), elle intervient directement sur la physiologie du petit et, si cela se répète, sur la manière dont son cerveau se modèle pour réagir au stress. A l’inverse, si le tout-petit est exposé à un excès de stress non régulé ou mal régulé par sa figure d’attachement, alors cela modèle son développement cérébral pour le préparer à un monde plus dangereux, avec moins de protection.
L'excès de stress qui survient au cours des 1000 premiers jours de la vie a donc particulièrement un impact sur les fonctions cérébrales en plein développement au cours de cette période : il s'agit bien sûr du développement de l'attachement, mais aussi, avec lui, de la capacité à réguler le stress et les émotions. Ainsi, en cas de stress excessif au cours de cette période, par exemple une expérience de plusieurs semaines en couveuse ou un traumatisme, on remarque un risque statistiquement plus élevé de développer des troubles anxieux et des difficultés à réguler ses émotions et ce, même si l’enfant ne s’en souvient pas explicitement. On parle alors de mémoire implicite, pour qualifier la mémoire qui existe à cette période de la vie.
Est-il possible de traiter l’impact du stress très précoce, en psychothérapie ?
Certaines modalités de psychothérapie du trauma s’appliquent à favoriser l’intégration de ce stress très précoce. En Lifespan Integration ou LI-ICV, on observe les sensations corporelles qui émergent lorsque l’on fait imaginer au.à la patient.e comment cela pouvait être d’être un bébé dans sa famille à l’époque (ou en couveuse, etc.). On associe alors le reparentage, utilisé dans de nombreuses thérapies, à une liste chronologique de souvenirs de la vie du.de la patient.e pour relancer la sensation du temps qui a passé et « éteindre » l’activation du système de stress. La répétition de ce voyage dans le temps, qui commence par le fait d’imaginer les stades de développement précoce (commencer à se redresser, se mettre à quatre pattes, debout, dire ses premiers mots, faire des petites phrases, demander pourquoi ?…), amène un apaisement et, en parallèle, on observe une amélioration de la capacité à réguler son stress ainsi qu’à prendre soin de soi.
Joanna Smith, est psychologue clinicienne, superviseure et formatrice agréée en LI-ICV. Elle se spécialise dans le traitement des traumatismes, notamment ceux survenus au cours des 1 000 premiers jours de vie, des troubles dissociatifs et des blessures d'attachement.
Elle enseigne à l’Université et a écrit et co-dirigé plus d'une quinzaine d'ouvrages, dont L'attachement en psychothérapie de l'adulte, Le Grand Livre des 1000 premiers jours (2ème édition, 2025), A la rencontre de son bébé intérieur (2ème édition 2025) et Psychothérapie de la dissociation et du trauma (2ème édition 2021).
Je découvre les livres de Joanna Smith
🔸 Le GRAND livre des 1000 premiers jours de vie - 2e édition
Les 1000 premiers jours, de la conception aux 2 ans, sont cruciaux pour le développement physique et psychique de l’enfant. L’ouvrage explore les effets de cette période sur l’attachement, le stress et la santé mentale, décrit les risques liés à l’adversité précoce, et propose des stratégies de prévention et de thérapie innovantes, fondées sur les dernières recherches.
9782100820245 - 2025 – 448 pages – 37€
🔸 À la rencontre de son bébé intérieur - 2e édition
Découvrir son bébé intérieur, c’est partir à la recherche des événements vécus dans la toute petite enfance, et même avant, au moment de la gestation. Cette aventure intime offre à celui qui la tente la possibilité de renouer avec la part secrète de lui-même en réactivant la mémoire implicite...
9782100866670 – 2025 - 256 pages – 21.90€
🔸 L’attachement en psychothérapie de l’adulte
La théorie de l’attachement éclaire la psychopathologie adulte et guide la psychothérapie, notamment face aux traumatismes complexes. Elle aide à évaluer précocement les patients, à renforcer l’alliance thérapeutique et à adapter les soins. Cet ouvrage, rédigé par des experts, propose des outils cliniques et distingue plusieurs approches psychothérapeutiques fondées sur l’attachement, enrichies par les avancées en neurosciences.
9782100851690 – 2023 - 368 pages – 35€
🔸 Psychothérapie de la dissociation et du trauma - 2e édition
Ce manuel explore la dissociation et ses bases neurobiologiques, en présentant diverses approches thérapeutiques innovantes (EMDR, ICV, IFS, etc.). Il propose une mise à jour enrichie, incluant de nouvelles techniques et des chapitres sur l’attachement désorganisé et la psychose dissociative.
9782100800230 – 2021 – 416 pages – 34€