Organiser les marchés agricoles -
Existe au format livre et ebook
Présentation du livre
Jusqu’à une date récente, l’historiographie française ne s’est guère investie dans l’étude des transformations sociales et politiques des mondes agricoles dans la France du premier XXe siècle. Les mutations des sociétés rurales amorcées au XIXe siècle restaient un terrain d’investigation privilégié tandis que les sociologues et politistes s’emparaient de l’étude des transformations rapides connues après 1950.
L’entre-deux-guerres marque pourtant une étape décisive. Grâce à Georges Monnet et au gouvernement de Front populaire, l’État crée un premier outil de politique publique: l’Office national interprofessionnel du blé (ONIB). Cette action répond à une crise des marchés agricoles durant les années trente, qui concerne aussi bien les céréales que le vin, la viande, le lait ou le sucre. Au-delà de la déstabilisation des prix à l’échelle mondiale, en France, on bascule d’une paysannerie composée de polyculteurs éleveurs à des groupes de producteurs érigés en acteurs économiques d’un marché national et international. Cette étape, traversée par les nombreux débats sur le corporatisme, se confronte à la difficile question du ravitaillement durant la Seconde Guerre mondiale. À la Libération, le maintien de l’Office montre l’intérêt de l’expérience, qui annonce certains choix lors de l’établissement de la politique agricole commune.
C’est ce tournant qu’étudie le présent ouvrage, issu d’un colloque organisé en avril 2012 avec le soutien de FranceAgriMer. Réunissant des historiens français et étrangers, il s’appuie sur un travail d’archives, mais aussi sur l’histoire orale afin de montrer qu’à partir de 1930, les mondes agricoles font un pas décisif vers la modernité.
Sommaire de l'ouvrage
Partie I - Un projet ancien et une question internationale
1. La tyrannie des céréales, ou petite esquisse d’une très brève histoire de la régulation dans la filière blé-farine-pain, circa 1750-1960
2. L’Europe comme modèle de l’Office du Blé ? Les origines et les conséquences nationales de l’organisation internationale des marchés agricoles (1927-1939)
Partie II - Lait, vin et viande : des tentatives inachevées
3. La régularisation du marché du lait depuis la crise des années 1920 jusqu’à la loi sur l’organisation de la production laitière en juillet 1940
4. Le Statut de la viticulture, une alternative à l’Office national du vin pour réguler le marché viticole dans les années 1930
5. Débats et tâtonnements dans l’organisation du marché de la viande en France (1931-1953)
Partie III - Entre l’État et la profession : une diversité d’acteurs à mobiliser
6. L’apprentissage de la régulation. L’État, les professionnels et les marchés du blé, de la farine et du pain dans le nord de la France (années 1920 et 1930)
7. Vers l’Office national interprofessionnel du blé : le projet de Fédération drômoise des coopératives céréalières (1935-1936)
8. La naissance de l’ONIB et les réseaux professionnels agricoles : l’exemple des chambres d’agriculture, 1936-1939
9. L’UNSA face à l’Office du blé (1936-1939)
Partie IV - De l’Office du blé à l’Office des céréales
10. L’ONIC entre 1940 et 1944 : transformations et redéfinition de la mission et des pouvoirs de l’institution dans un contexte de pénurie et d’occupation
11. Dans les coulisses de l’ONIB-ONIC : le personnel de l’Office (1936-1962)
12. L’ONIC et la qualité du blé et du pain (1936-1957)