De l’apparition de l’eau liquide, il y a plus de 4 milliards d’années, aux bateaux autonomes et aux robots plongeurs, cet ouvrage magnifiquement illustré retrace en 100 dates l’histoire mouvementée de l’Océan et son exploration.
La réputation du « bailli de Suffren » est contradictoire : salué à l’étranger comme l’un des plus grands marins de tous les temps, en particulier par des auteurs anglo-saxons, il est plus controversé en France, où ses manières et sa suffisance agaçaient nombre de ses contemporains et où ses talents sont parfois minimisés.
Pourtant, avec La Motte Piquet ou de Grasse, il est sans conteste l’un des artisans du renouveau de la marine française à la fin du XVIIIe siècle. La belle marine de Maurepas, ministre de la Marine sous Louis XV, n’avait pu empêcher la perte du Canada et des Indes durant la guerre de Sept ans (1756‑1763). Mais le duc de Choiseul puis le duc de Praslin reconstruisirent une flotte digne de ce nom, que Louis XVI décide d’employer pour soutenir la guerre d’Indépendance des Américains : en 1778, une escadre est envoyée aux Antilles sous le commandement de l’amiral d’Estaing. Suffren commande une division de cette flotte à la bataille de la Grenade le 6 juillet 1779, où la Royal Navy subit sa plus grave défaite depuis près d’un siècle. Il enrage de voir d’Estaing laisser s’échapper un ennemi ébranlé mais non détruit. En 1781, une nouvelle victoire navale française dans la baie de la Chesapeake entraîne la capitulation de l’armée anglaise enfermée dans Yorktown et la victoire finale des États-Unis d’Amérique.
Envoyé dans l’océan Indien, Suffren met à mal à plusieurs reprises les positions anglaises aux Indes, ainsi que la flotte de l’amiral Hughes, ce qui lui vaut son surnom d’« amiral Satan » outre-Manche.
Un tel serviteur de la puissance navale française ne pouvait qu’être honoré par la Marine : sept navires, tous de premier rang, ont déjà porté son nom. Après le retrait de la frégate lance-missiles en 2001, le nom a été attribué pour la 8e fois au premier des nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) admis au service en 2018.
La bataille de Lagos (1759) par Thomas Luny, peinte entre 1770 et 1779. On perçoit encore les lignes de navires parallèles qui se décomposent en combats particuliers – à droite le Téméraire, un 74 canons qui sera capturé par les Anglais.