Le grand livre du biomimétisme - S'inspirer de la nature pour inventer demain
Nous vivons dans une époque d’essor technologique sans précédent : jamais encore la frontière entre la science-fiction et la réalité scientifique n’avait été aussi poreuse.
« De même que toutes les inventions humaines que nous connaissons existaient déjà dans la nature, on découvrira certainement qu’elle recèle les prototypes de toutes les inventions à venir. Les grands inventeurs de demain seront, par conséquent, ceux qui s’inspirent de la Nature dans les arts, les sciences ou la mécanique, au lieu de s’attribuer le mérite d’une invention déjà présente dans la nature depuis des siècles. »J. G. Wood, 1885.
Le scarabée du désert du Namib et le captage du brouillard
Le désert du Namib figure parmi les zones les plus chaudes et les plus arides de la planète. Ce milieu hostile abrite l’un des insectes les plus extraordinaires, le scarabée du Namib, qui parvient à se désaltérer dans un environnement totalement dépourvu d’eau. Sa survie tient a la fois a la structure de sa carapace ainsi qu’a des particularités comportementales.
La nuit et au lever du jour, le scarabée se place face aux vents marins, penché en avant pour capter l’humidité du brouillard, un phénomène météorologique fréquent du fait de la proximité de l’océan Atlantique. Le brouillard est constitué de minuscules gouttes d’eau en suspension dans l’air. Ces gouttelettes s’accumulent au sommet des bosses de la carapace de l’insecte jusqu'à former une goutte qui dévale dans les sillons avant d’atteindre son orifice buccal.
La collecte de l’eau du brouillard constitue une méthode prometteuse d’approvisionnement en eau salubre. Spécialiste de la mouillabilité des matériaux, Shreerang Chhatre, ingénieur chimiste du Massachusetts Institute of Technology (MIT), a voulu améliorer le rendement des mécanismes classiques de captage du brouillard en s’inspirant d’études consacrées au scarabée du désert du Namib. Pour être aussi efficace que le scarabée du désert du Namib, ce nouveau système de captage du brouillard devait combiner des surfaces hydrophobes et hydrophiles, à l’image de la carapace de l’insecte.
Avec son équipe, il a mis au point des surfaces synthétiques sur le modèle de celle-ci et dont l’efficacité dépasse largement celle des systèmes précédents. A l’avenir, elles pourraient être utilisées dans les régions arides, les camps de refugiés, voire au sommet des gratte-ciel.