Face au défi d’un rapport au travail à réinventer, Eric Mellet propose des pistes concrètes et pratiques pour accompagner la « transformation positive » des organisations.
Eric Mellet, pouvez-vous vous présenter ?
Consultant, coach, facilitateur et speaker, mon approche vise à allier performance économique, quête de sens et épanouissement des potentiels individuels et collectifs. Riche d’une solide expérience opérationnelle à L’Oréal, tant en France qu’à l’international, je décide en 2014 d’enrichir celle-ci par un Master de Recherche en Psychologie Positive Appliquée de l’Anglia Ruskin University à Cambridge. Aujourd’hui, j’accompagne les transformations organisationnelles et individuelles en replaçant l’humain et l’intelligence collective au cœur de ma démarche. Celle-ci se fonde sur le socle de recherches et de découvertes du champ de la Psychologie Positive Organisationnelles et des neurosciences. Je suis également co-fondateur du collectif POP (Positive Organisations & People) , et président de l’association SOL France (Society for Organizational Learning)
Je découvre un extrait du livre
Comment définiriez-vous une “Organisation Positive” ?
Pour cela, je voudrais revenir à la question à l’origine de la recherche initiale qui a inspiré cet ouvrage, soit : quelles conditions essentielles et quels comportements positifs peuvent permettre d’assurer le succès des organisations dans le respect des individus et la préoccupation de leur plein épanouissement ?
Cela nécessite de définir tout d’abord la notion de « succès » pour une organisation ou une institution. Il me semble qu’il repose sur au moins quatre critères essentiels :
- sa « santé économique et financière »
- sa capacité à réaliser pleinement son potentiel de développement et à répondre à sa « raison d’être »
- sa capacité à s’adapter, à surmonter les épreuves et en sortir plus forte ; c’est la notion de « résilience organisationnelle »
- sa capacité à répondre aux aspirations et aux besoins d’épanouissement de toutes celles et ceux qui « rentrent en relation » avec elle (collaborateurs, clients, prestataires, partenaires, administration, actionnaires, sociétaires…)
Ainsi, dans ce cadre, l’organisation est envisagée comme un « organisme vivant » animé par une intention de développement au mieux de ses potentiels, conscient de ses besoins et de ceux de son écosystème dans une dynamique d’interdépendance mutuellement féconde.
Pourquoi, aujourd’hui, la transformation positive est devenue une nécessité pour les entreprises ?
Si depuis les années 90, il était commun de mettre l’accent sur la nécessité pour les organisations de s’adapter dans un environnement volatile, incertain, complexe et ambigu (VICA) ; la crise du Covid 19, les bouleversements climatiques et sociaux, la guerre en Ukraine sont autant de signes parmi d’autres, qui laissent à penser que nous sommes dans un nouveau paradigme que certains qualifient aujourd’hui de BANI (Friable (brittle), Anxieux, Non Linéaire, Incompréhensible).
Dès lors, la seule « adaptation aux changements » ne suffit plus, la situation nécessite d’innover, « d’introduire quelque chose de nouveau » ; autrement dit une approche plus radicale de penser et d’agir à tous les niveaux des organisations et plus largement de la société. C’est dans ce contexte que se posent deux questions :
- une question existentielle : comment en tant qu’entreprises ou institutions, « rester vivantes » dans un environnement caractérisé par son imprévisibilité, sa complexité et la rapidité des changements de tous ordres à opérer ?
- une question pratique : comment embarquer le « corps social » dans ce qui ressemble de plus en plus à un processus de transformation permanente qui demande à chacun(e), quel que soit son titre ou sa fonction, de « penser et de faire autrement » ?
Pour y parvenir, vous présentez 10 clés pour améliorer la performance des organisations. Comment avez-vous dégagé ces 10 pistes ?
Celles-ci sont le fruit d’une part de l’expérience ; des succès comme des échecs dans les différents « rôles professionnels » que j’ai exercés depuis mes débuts en tant que commercial jusqu’à des fonctions de direction générale, puis aujourd’hui de coach et de consultant ; d’autre part des découvertes encore trop souvent méconnues, en matière de Psychologie Positive Appliquée à l’environnement professionnel. Plus spécifiquement, celles - ci consistent à :
- Clé n°1. Encourager un "État d'esprit de Développement"
- Clé n°2. S'appuyer sur les "Forces de Caractère"
- Clé n°3. Générer les émotions positives
- Clé n°4. Susciter et renforcer l'engagement
- Clé n°5. Créer et nourrir des relations saines et constructives
- Clé n°6. Donner/créer du sens
- Clé n°7. Nourrir le besoin d'accomplissement et de performance optimale
- Clé n°8. Être une "Great Place to Learn" : une Organisation Apprenante
- Clé n°9. Encourager la Déviance Positive
- Clé n°10. Promouvoir un Leadership Positif
En complément de l’ouvrage, vous proposez 40 pratiques positives. Pouvez-vous nous en dire davantage ? Qu’est-ce que le lecteur trouvera dans ces ressources supplémentaires ?
Dès sa naissance en 98, la Psychologie Positive s’est appuyée sur une démarche de recherche scientifique fondée sur des expériences qui ont donné lieu à des « interventions positives », soit des pratiques et des protocoles observables et mesurables. Ainsi, qui dit Psychologie Positive Appliquée au travail dit « applications » concrètes et pratiques expérimentées avec des résultats probants sur le terrain. Ces « Pratiques Positives » sont déclinées à trois niveaux : la personne au travail, le manager et son équipe, l’organisation dans son ensemble.
Un conseil à donner aux dirigeants et managers pour réinventer le rapport au travail de leurs collaborateurs ?
Pour avoir exercé le rôle de manager et pour accompagner aujourd’hui des dirigeants et des managers de divers horizons, je sais à quel point la tâche est complexe et ardue. C’est tout particulièrement d’actualité dans un contexte où la centralité du travail dans nos vies est de plus en plus remise en question. Néanmoins, quand seulement 13% des salariés se disent « engagés » au travail et que cela se confirme d’année en année, il devient urgent et vital de susciter du désir, de l’élan positif à trouver sa place et à s’épanouir dans une activité professionnelle qui fasse du sens, qui nourrisse le besoin fondamental d’affiliation et qui permette à chacun de réaliser pleinement son « potentiel de développement », en conscience de son impact sur le collectif et son environnement.
Ce que je constate aujourd’hui, c’est que si les intentions affichées restent encore trop souvent à l’état de vœux pieux faute de réelles « remises en questions » ; partout et à tous les niveaux des organisations, des leaders hommes et femmes, et cela quel que soit leur titre ou leur fonction, cherchent à inventer de nouvelles formes de collaboration, à créer de nouveaux « contrats » qui respectent davantage l’équilibre vie professionnelle/vie personnelle, à nourrir le besoin de sens pour encourager l’engagement individuel et l’envie de contribuer à une « œuvre collective » au service du vivant. Aussi, bien plus que de donner des conseils, cet ouvrage aura atteint son objectif s’il inspire, conforte et encourage celles et ceux qui ont envie de créer et de travailler dans des organisations plus « positives ».
L'Organisation Positive - 10 clés pour une entreprise performante
Eric Mellet, avec son ouvrage L’Organisation Positive, s’adresse à toutes celles et ceux qui souhaitent créer ou contribuer à l’émergence d’Organisations Positives favorisant l’épanouissement personnel, l’engagement et la performance. Il présente un socle d’apports théoriques basé sur les découvertes scientifiques en matière de Psychologie Positive Appliquée au travail, des illustrations issues de l’expérience et des outils concrets de mise en pratique au niveau de la personne, de l’équipe et de l’organisation dans son ensemble.