Plus que jamais, il est temps de mettre le « slow » au cœur de la stratégie de chaque entreprise. Heidi Vincent, Delphine Poirier, Keyne Dupont nous présentent leur ouvrage : Osez le slow en entreprise
En quelques mots, pouvez-vous définir le slow ?
Le « Slow » est souvent connu du grand public comme étant une réaction au « Fast », en particulier parce que le mouvement a vu le jour dans le domaine de l’alimentation dans les années 80, lors de l’ouverture d’un Mcdonald's à Rome. Historiquement, le concept repose donc sur trois valeurs : le bon, le propre (au sens du respect de l’écosystème et de la biodiversité) et le juste.
Depuis, le slow s’est développé dans tous les secteurs (slow fashion, slow travel, slow cosmetic…) sans qu’il existe toutefois une définition « officielle ». À première vue, on pourrait donc penser qu’il s’agit d’une philosophie, d’un état d’esprit. C’est vrai, mais en creusant le sujet du slow appliqué aux entreprises, nous nous sommes efforcés de dégager des principes. Pratiquer le slow au sein des organisations, c’est, selon nous, à la fois prendre conscience des interdépendances, s’appuyer sur une nécessaire collaboration et poursuivre un objectif de durabilité.
Cela passe par une redéfinition de la croissance et de la prospérité en entreprise, en intégrant des facteurs à la fois éthiques, environnementaux et sociétaux. Il s’agit donc pour les organisations de changer de regard sur leur activité et d’évoluer dans leurs méthodes, en prenant le temps de « bien faire », à la fois pour elles mais aussi toutes les parties prenantes (dont les consommateurs, les salariés, sans oublier la planète). Il s’agit, entre autres, de considérer les interdépendances non plus comme des facteurs de fragilité mais comme des leviers pour construire des organisations plus intelligentes, plus adaptables et plus résistantes.
il devient urgent de réinventer nos modèles organisationnels.
Pourquoi avoir écrit cet ouvrage ?
Tout d’abord, nous pensons que la question du temps mérite toute l’attention des organisations. C’est la clé de voûte de la démarche RSE dans laquelle s’engagent bon nombre d’entreprises aujourd’hui, et c’est tout à fait logique. Redonner du sens à l’entreprise, trouver sa fameuse “raison d’être”, devenir une entreprise contributive et construire un modèle résilient…tout cela demande de prendre du temps ! Pourtant, on assiste à un paradoxe : alors que ce temps est nécessaire, il devient urgent de réinventer nos modèles organisationnels. Nous avons donc eu le souhait, avec cet ouvrage, de faire un pont entre cette urgence et la nécessité pour chaque entreprise d’inscrire sa réflexion dans un temps long.
Ensuite, nous avons souhaité, à notre échelle, contribuer aux transformations auxquelles nous assistons. Aujourd’hui, les consommateurs attendent des entreprises qu’elles s’engagent et celles-ci ont bien compris qu’il était nécessaire d’amorcer un changement de direction, en endossant des responsabilités plus grandes. Or, si la prise de conscience est là, si les entreprises sont convaincues de devoir revoir leur modèle, elles manquent le plus souvent d’outils. Conscients que l’approche slow peut être délicate à mettre en œuvre, nous avons eu le souhait dès le départ de la déconnecter de la vision utopiste qui en est habituellement donnée, en proposant des outils et des exemples concrets. Nous avons donc écrit l’ouvrage pour répondre à ce qui nous semblait être un besoin opérationnel des entreprises.
À qui s’adresse- t-il ?
Il s’adresse aux dirigeants et entrepreneurs qui sont engagés ou souhaitent s’engager dans une démarche RSE, mais aussi aux professionnels et intrapreneurs voulant redonner du sens à leur travail, et ce dans différents domaines, notamment le design, le marketing et la communication ou encore les RH. Bien évidemment, il concerne également les étudiants ou tout simplement les curieux.
L’ouvrage a d’ailleurs été conçu de façon assez globale. C’est une aide à la réflexion puisqu’il aborde toutes les questions relatives à l’état d’esprit qui caractérise le slow. Nous espérons cependant qu’il sera bien davantage, à savoir un compagnon de route pour tous types d’organisations, qu’elles soient privées ou publiques, des PME ou des grands groupes. Il comporte ainsi des outils à utiliser dans trois disciplines : le design, le marketing et le contenu.
Pourquoi les entreprises ont tout intérêt à intégrer le slow dans leur stratégie ?
Cette question est traitée de façon approfondie dans l’ouvrage, mais la première bonne raison d’intégrer le slow tient peut- être à un constat simple. Avec le réchauffement climatique, la crise sanitaire, les incertitudes quant à l’avenir économique et le ras -le -bol de l’hyperconsommation, le “fast” atteint ses limites. Les consommateurs ont de nouvelles attentes !
Du côté des entreprises, il existe par ailleurs la possibilité de trouver de nouvelles sources de création de valeur, la valeur ne se trouvant pas uniquement dans la commercialisation de nouveaux services ou produits. Le slow permet d’explorer cela, en intégrant des indicateurs de performance bien plus larges que ceux utilisés habituellement, comme le bien-être des salariés, l’impact sur l’environnement ou la contribution à la filière.
Enfin, il faut savoir que le slow produit des résultats, dont certains sont quantifiables. L’ouvrage l’illustre avec les exemples d’entreprises telles que la MAIF, SOL, Loom, Alphi ou encore Triballat-Noyal.
Vous présentez des cas concrets d'entreprises qui ont mis en pratique le slow. Quel est le bilan ? En sont-elles satisfaites ?
Pour elles, le slow s'est imposé comme une évidence, sans qu’il soit nécessaire de la nommer de cette façon. Les entreprises avec lesquelles nous avons échangé ont toutes le point commun de s’inscrire dans un temps long. Elles poursuivent leur chemin au-delà des tendances et portent des valeurs fortes, sous-tendues par des actes réels.
À ce titre, elles sont avant-gardistes dans leur secteur, quel qu’il soit (l’agroalimentaire, la mode, l’immobilier, l’aide à la personne, le conseil, la technologie ou les biens d’équipements). Certaines d’entre elles portent les valeurs du slow dans leur ADN, tandis que d’autres se sont appuyées sur cette approche pour guider la refonte de leur organisation. Dans tous les contextes, les résultats sont au rendez-vous à trois niveaux : économique, humain et environnemental.
Osez le slow vous apporte les bonnes pratiques pour intégrer le slow dans les démarches marketing et de design : concevoir une stratégie d’entreprise, un produit, un service, une expérience, un procédé, une marque, une campagne de communication, un contenu…