Ecoles et harcèlement entre enfants : rencontre avec Catherine Verdier, experte auprès des tribunaux du Luxembourg
246 millions d’enfants victimes à travers le monde
La problématique
Un enfant sur deux est concerné en primaire (source UNICEF), un adolescent sur trois au secondaire et un jeune sur quatre après 16 ans (source UNESCO) soit 246 millions d’enfants victimes à travers le monde. Et autant d’enfants harceleurs et de témoins. Au cours de sa scolarité, chaque enfant aura été impliqué au moins une fois, dans une situation de harcèlement, en tant que victime, intimidateur ou spectateur.
L’OMS considère le harcèlement entre enfants comme une violence et invite les états membres à développer les compétences psycho-sociales des enfants et des jeunes. « Les états membres » c’est à dire vous, nous, tous ceux qui accompagnent les enfants dans leur croissance. Le harcèlement entre pairs ne se cantonne plus uniquement à l’école et dans les cours de récréations ; il sévit également dans les clubs sportifs, les centres aérés, au conservatoire, dans les bus, dans la rue….
Les conséquences sont dramatiques sur la santé mentale des victimes mais également des harceleurs ainsi que des témoins (un enfant témoin de violence est un enfant victime) ; les séquelles perdurent généralement à l’âge adulte.
Les conséquences sont démultipliées en cas de cyber-harcèlement pouvant aller jusqu’au suicide. Actuellement certaines méthodes permettent de stopper une situation de harcèlement lorsqu’on y est formé ; des numéros « courts » existent pour aider les victimes de harcèlement et cyber-harcèlement ; et des initiatives sont mises en place pour sensibiliser les élèves, en particulier au sein des collèges.
Mais tout ceci est insuffisant au vu de l’ampleur de ce fléau qui dépasse largement le cadre de l’école. Il nous concerne tous et est l’indicateur de l’échec de l’apprentissage des compétences psycho-sociales. Un enfant ne naît pas avec les codes relationnels et son éducation consiste également en une éducation sociale, au vivre-ensemble, au respect des autres, à l’inclusion, à la possibilité de se faire entendre et respecter, à l’assertivité, la confiance en l’autre aussi bien que la confiance en soi, à l’empathie…et j’en oublie.
La violence s’installe et finit par devenir la « norme »
Les chiffres de la quatrième consultation de l’Unicef nous indiquent qu’un enfant sur deux est victime d’attaques et de moqueries dès l’âge de 6-7 ans.
Nous pourrions largement nous inspirer d’un pays comme la Finlande et de son mode d’éducation, basé sur la bienveillance mais également l’encadrement des compétences psycho-sociales auprès des enfants. Ainsi, le vivre ensemble devient un état d’esprit.
L’écologie scolaire
Accompagner un enfant dans ses apprentissages sociaux, l’encadrer, le guider sont indispensables au bon fonctionnement relationnel de la communauté présente et future. L’apprentissage des émotions, le renforcement de l’estime de soi et la transmission de l’empathie, lorsqu’ils sont pratiqués, génèrent un climat serein à l’école ou à la maison. A l’inverse cet état d’esprit influe sur la qualité des apprentissages et les facultés cognitives. Apprendre dans un climat de stress et d’angoisse, de violences n’est pas bénéfique au bon développement psychique, intellectuel ou social d’un enfant.
A découvrir : Prévenir le harcèlement scolaire ?
Au cœur de ce processus, le respect
Le respect de soi qui est une hygiène de vie, le respect des autres qui fait partie de l’intelligence émotionnelle, le respect de la communauté qui peut se décliner dans de nombreux domaines. Ce respect n’est pas un mot désuet qui appartient à une génération plus ancienne. Il est le moteur de cet apprentissage des codes sociaux : comment respecter les autres, si on ne s’estime pas soi-même ? Au sein de la famille ou à l’école, un climat serein permet de grandir en toute sécurité ; la bientraitance, la bienveillance sont propices à l’autonomie ; la connaissance de soi et l’empathie impactent de façon positive sur l’affirmation de soi ; et l’exemplarité est bien sûr capital pour la bonne compréhension et transmission de ces valeurs.Le respect n’est donc pas un vain mot et est nécessaire pour la qualité et la fluidité de la communication entre individus (ou enfants).
Mode d’emploi
Dès lors, deux axes s’imposent pour enrayer durablement le harcèlement entre enfants : la prévention dès le plus jeune âge et la formation de tous les adultes au contact des enfants. Le livre « l’Ecologie scolaire, pour en finir avec le harcèlement entre enfants » s’articule autour de ces deux volets indissociables.
Le comportement de chacun, aussi minime soit-il, peut aider au changement social. Chaque jour, un petit geste d’aide, un mot prévenant peut remettre « en marche » le respect et la confiance les uns envers les autres et ce, dès le plus jeune âge.
Pour ce faire, le programme Ensemble a été construit sur la base des ateliers de « confiance en soi » chez Psyfamille et permet de travailler avec des groupes d’enfants, de façon progressive les aptitudes psycho-sociales indispensables au bon fonctionnement d’une société.
Les enfants sous l’égide de leur professeur ou parents apprennent ainsi à établir des interactions sociales basées sur l’acceptation des autres, l’inclusion, la non-discrimination et ……. La bienveillance qu’ils pourront à leur tour prodiguer.
Catherine Verdier
Experte auprès des tribunaux du Luxembourg.
Fondatrice de Psyfamille www.psyfamille.com.
Fondatrice du Centre Européen de Formation Psyfamille. https://www.psyfamille.com/centre-de-formation/
Co-fondatrice en septembre 2019 du Centre Français de formation CFHS dédié à la prévention du harcèlement scolaire.
Co-fondatrice en Novembre 2020 de la première plateforme e-learning en Europe dédiée à la prévention du harcèlement scolaire https://formation-cfhs.fr.
Présidente de l’Association Amazing KIDS qui œuvre pour la prévention du harcèlement scolaire dès le plus jeune âge www.amazing-kids.eu