Dans SPINOZA - à la recherche de la vérité et du bonheur, Philippe AMADOR nous entraîne avec brio sur les traces du grand philosophe et nous fait partager sa passion. Il nous explique ici d'où lui est venu cet intérêt pour le philosophe et comment il a travaillé sur sa passionnante BD.
Pourquoi avez-vous écrit ce livre Spinoza - A la recherche de la vérité et du bonheur ?
La première fois que j’ai ouvert un livre de Spinoza, il y a bien longtemps, j’en ai lu quelques pages et l’ai refermé rapidement car je n’y comprenais rien. Plus tard j’ai voulu lire l’Éthique suite à une émission de radio qui en disait le plus grand bien. Là encore, au début, je ne comprenais pas mais j’ai persévéré et j’ai commencé à comprendre ce que Spinoza voulait nous dire. Il proposait de tirer le meilleur parti possible pour l’être humain à l’aide de la raison. J’ai voulu faire cette bande dessinée pour proposer une entrée dans la pensée de Spinoza en évitant ce premier abord souvent rebutant et parfois décourageant et pour donner l’envie de persévérer dans cette recherche de la joie « autant que possible » comme Spinoza le répète souvent avec réalisme.
Que voudriez-vous que les lecteurs retiennent de ce livre ?
Ce qu’il faut retenir en premier lieu c’est que Spinoza parle de la réalité et de rien d’autre. Il n’est pas un philosophe éthéré maniant des concepts abstraits. Il n’y a pas d’autre réalité que celle que nous percevons. C’est pourquoi les religieux ne l’aiment pas du tout. Il n’y a pas de miracles, il n’y a pas de causes magiques ni de raisons obscures aux événements. Il n’y a qu’une seule et même réalité qu’il s’agit de comprendre du mieux que l’on peut et d’en tirer les conclusions et les pratiques les meilleures pour notre vie individuelle et collective.
Ensuite j’aimerais que le lecteur retienne qu’il n’est pas nécessaire de tout comprendre pour tirer bénéfice d’une telle philosophie. Tout en cheminant la joie vient à chaque découverte. Mais il faut persévérer.
Quelle est la force du dessin quand on va parler simplement de philosophie ?
Le grand intérêt du dessin c’est qu’on ne peut pas rester dans le flou, l’approximatif. S’il est possible d’écrire une phrase dont les mots semblent s’organiser de façon cohérente mais dont le sens n’est pas clair et reste ambigüe, par contre lorsqu’on doit illustrer par un dessin on est absolument obligé d’opter pour une situation précise et là, l’équivoque n’est plus possible. C’est donc un travail passionnant que de rechercher le sens profond de certaines formules de Spinoza aidé par les différentes traductions et par un retour au texte latin. Ce n’est qu’une fois bien comprise qu’une phrase du texte spinozien peut s’illustrer dans un exemple précis.