Gaël Chatelain-Berry, dans son ouvrage Sois un homme ma fille, met en scène Constance qui devient Constant, jeune homme brillant qui grimpe rapidement les échelons de son entreprise jusqu’au poste suprême de PDG. À travers ce parcours fou ce sont les stéréotypes de genre au sein de l’entreprise qui sont analysés et dépassés.
Pourquoi avoir écrit cet ouvrage ?
Je voulais depuis longtemps écrire sur le sexisme en entreprise. Ayant été manager pendant des années, j’étais très militant sur ce sujet, mais, depuis que j’écris des livres, je ne savais pas trop comment aborder ce sujet ayant peur de me voir reprocher d’être… un homme.
Dans tous mes romans, j’ai toujours pris un grand plaisir à incarner des personnages de femmes et, un matin, j’ai eu l’idée de cette femme se faisant passer pour un homme afin de faire carrière. J’ai trouvé l’idée tellement simple et évidente que je ne pouvais pas ne pas écrire ce livre. J’avais enfin trouvé l’angle d’attaque pour parler d’un grand nombre de sujets sensibles sans pour autant passer pour un donneur de leçon.
Je crois beaucoup au fait que l’on peut faire passer des messages très sérieux sans se prendre au sérieux. C’est toute l’idée de se livre que je crois très divertissant, tout en étant utile pour une cause que je défends depuis longtemps.
Pouvez-vous nous présenter Constant Bancelin, le personnage principal de votre ouvrage ?
Constant est le dirigeant de Badass Communication, une agence de publicité internationale. La spécificité de Constant, c’est qu’il s’appelle en fait Constance, mais que personne ne le sait, mise à part sa meilleure amie. Constant a développé toute l’arrogance qui caractérise parfois les grands dirigeants.
Constant lutte parfois avec Constance… l’inverse étant vrai. C’est d’ailleurs du fait de ce combat que l’on apprend dès la première page que Constant va annoncer à son conseil d’administration, ce soir, qu’il s’appelle Constance.
D’une certaine manière, Constance a été obligée de devenir schizophrène pour atteindre ses objectifs. Vous vous doutez bien que, de temps à autre, sachant qu’elle est saine d’esprit, cela n’est pas facile à vivre et que cela peut même créer des situations cocasses.
Pour reprendre le sous-titre de votre ouvrage, faut-il (encore aujourd'hui) être un homme pour devenir PDG ?
Une statistique m’a toujours marqué : aux États-Unis, vous avez statistiquement plus de chance de devenir PDG si vous vous appelez John que si vous êtes une femme. Cela montre l’ampleur du problème.
Finalement, la question de l’égalité des chances entre les femmes et les hommes d’un point de vue professionnel n’est apparue qu’il n’y a que quelques années. Lorsque l’on compare la jeunesse de cette question aux siècles de domination du monde par les hommes…. Cela me laisse rêveur quant au chemin qu’il reste à parcourir.
Comment la lecture de votre livre aidera les lecteurs à dépasser les stéréotypes de genre dans l'entreprise ?
Bien qu’étant une fiction, Sois un homme ma fille décrit une réalité bien concrète dans l’entreprise d’aujourd’hui. Je crois que l’intérêt de ce livre consiste dans le cheminement de Constance, dans sa transformation en homme, à l’adoption de codes qui ne sont pas les siens de façon naturelle.
Je crois que la violence que s’inflige Constance (renoncer à son genre ndlr) pour réussir permet de comprendre un grand nombre de mécanismes dont nous ne sommes pas forcément conscient.e.s au quotidien en entreprise.
Que l’on soit un homme ou une femme, je pense que ce livre donne une grille de lecture pour que les hommes et les femmes se comprennent mieux au travail et prennent conscience de la nécessaire différence qui existe entre les deux genres.