Clara Loïzzo et Camille Tiano nous expliquent l’intérêt de réaliser des croquis, schémas, cartes, graphiques et tableaux à la main dans leurs épreuves de géographie !
Comment réaliser à la main et réussir les productions graphiques dans vos épreuves de géographie ?
Croquis et schémas de géographie, ouvrage tout en couleurs, vous propose une méthodologie pas à pas, par l’exemple, illustré de nombreux croquis et schémas originaux des auteurs.
A l’occasion de la parution de leur ouvrage dans la collection Cursus méthodologie, Clara Loïzzo et Camille Tiano nous expliquent l’intérêt et les exigences de cet exercice souvent redouté ou peu maîtrisé par les étudiants : réaliser des croquis, schémas, cartes, graphiques et tableaux à la main dans leurs épreuves de géographie !
Des bacheliers aux candidats au CAPES ou à l’agrégation, en passant par les élèves des prépas, tous les étudiants ont des réalisations graphiques obligatoires dans la plupart de leurs épreuves de géographie. Comment votre ouvrage méthodologique est-il adapté à ce large panel d’étudiants pour répondre aux attentes spécifiques des jurys ?
Dès l’origine, l’ouvrage a été conçu pour être accessible à tous les lecteurs à partir du lycée. Le vocabulaire technique est présent mais il est précisément défini, de manière à répondre aux exigences du supérieur, mais sans entraver la compréhension générale.
La méthodologie est expliquée pas à pas pour chaque type d’exercice, afin que, quel que soit le niveau d’étude et de spécialisation en géographie, chacun puisse se l’approprier facilement. Et l’exercice de croquis est présent du baccalauréat à l’agrégation mais sous des formes qui peuvent varier. Si bien que nous avons veillé à ce que les spécificités de toutes les épreuves soient abordées : le croquis à élaborer à partir d’un texte type bac, le croquis de synthèse d’un extrait de carte topographique type ENS Lyon, les schémas et croquis qui accompagnent une dissertation type ENS ou agrégation…
Quel est l’intérêt d’apprendre à réaliser des cartes, croquis, schémas ou diagrammes à la main alors qu’il y a des SIG très accessibles (systèmes d’information géographiques) ?
Il y a deux raisons à cela.
La première raison est pédagogique : si les outils de cartographie par ordinateur se sont démocratisés et sont devenus plus intuitifs, ils ne font toujours pas le travail de conception à la place des cartographes !
Un croquis, un schéma ou un diagramme ne sont pas seulement une illustration, ce sont pour les plus simples d’entre eux un argument et pour les plus complexes une démonstration. De même, la maîtrise des règles de sémiologie graphique intervient en amont du dessin qu’il soit réalisé à la main ou par un logiciel. Si bien qu’apprendre à réaliser des productions graphiques à la main nous semble être un préalable essentiel à la réalisation de cartes par SIG.
La deuxième raison est stratégique : l’ensemble des examens et concours en France se font sans accès à des SIG, il est donc crucial d’être capable de dessiner croquis, schémas et diagrammes sans l’aide d’un ordinateur pour les réussir.
Ne pas savoir dessiner est-il un handicap ?
Il est certain que nous sommes tous et toutes très inégalement doté.e.s en matière graphique : certains ont une belle écriture, dessinent bien ou réussissent à bien composer les formes et couleurs instinctivement. Pour d’autres, c’est plus difficile et il faut s’exercer.
Mais c’est exactement la même chose que de faire plus ou moins de fautes d’orthographe, d’écrire dans un style plus ou moins élégant, d’argumenter de manière plus ou moins claire : en travaillant avec les bonnes méthodes, et en respectant quelques règles simples, tout le monde peut parvenir à un niveau satisfaisant. Il n’y a donc pas de handicap, même si certains ont des facilités !
En quoi la conception et la réalisation des productions graphiques témoignent-elles des qualités de géographe d’un étudiant ?
Les productions graphiques constituent un excellent indicateur de la qualité du raisonnement géographique. Car en s’astreignant à cet exercice, les étudiant.e.s et élèves réalisent :
- un remarquable travail de synthèse et de problématisation de leurs connaissances et des éventuelles informations qui leur sont fournies car les productions graphiques ne permettent pas l’approximation, la confusion, ni la surabondance argumentaire. Et les légendes - toujours nécessaires - ressemblent fortement à des plans de dissertation ;
- un travail de spatialisation par la localisation précise des différents phénomènes et situations décrits qu’ils s’agissent de territoires, de flux, de dynamiques… Mais aussi par la réflexion sur la ou les échelles dans lesquelles ils s’inscrivent.
Les titres et légendes que l’étudiant donne à ses croquis, schémas, graphiques, etc., peuvent-ils desservir ?
Les titres et légendes nécessitent une attention particulière : c’est un critère central de l’évaluation des croquis et autres productions graphiques. C’est la raison pour laquelle nous donnons dans l’ouvrage des conseils précis pour les construire de manière efficace et pertinente. Ils ne sont pas simplement des indications techniques ou des formules-chocs. Nous proposons là encore une méthode pas à pas et des exemples précis pour que les titres et légendes valorisent le croquis plutôt qu’ils ne l’appauvrissent, ou le travestissent, et donc le desservent.
Quels seraient vos conseils pour une préparation optimale et se démarquer à l’examen ou au concours ?
Les réalisations graphiques valorisées lors des examens et concours sont des productions originales, pertinentes, conçues « sur-mesure » pour un sujet donné, et problématisées dans ce cadre. Dès lors, on peut préparer l’épreuve en suivant deux grandes directions.
La préparation exige tout d’abord un entraînement régulier. Les croquis et schémas ne s’improvisent pas le jour de l’épreuve ; il n’est pas non plus question d’apprendre « par cœur » des croquis ou des schémas que l’on pourrait restituer tels quels dans des copies. Il faut pratiquer l’exercice fréquemment pour en devenir familier, gagner en assurance et l’appréhender avec sérénité.
Elle demande ensuite de mémoriser en amont des éléments cartographiques que l’on pourra facilement réutiliser et combiner le jour J pour composer une réalisation originale. Cette logique demande à observer et décrypter les cartes rencontrées dans la préparation du programme ; on peut, pour faciliter leur compréhension comme leur mémorisation, les résumer sous forme de schémas très simples. Il peut être utile de collecter ces éléments dans un « carnet de croquis » qui accompagne le lycéen ou l’étudiant lors de sa préparation. Dans cette perspective, il faut également s’entraîner à maîtriser les grands repères géographiques propres au programme étudié.
Enfin, il ne faut pas perdre de vue que c’est la bonne connaissance du programme travaillé, ainsi que l’aisance à mobiliser des éléments, les sélectionner, les hiérarchiser, et les problématiser, qui est la principale compétence requise pour l’exercice. On est ici assez proches des impératifs méthodologiques de la dissertation.