Pour mieux comprendre ce phénomène de Trolls et apprendre à intéragir avec eux, découvrez l'Interview de Stéphanie de Vanssay pour son livre Manuel d’auto-défense contre le harcèlement en ligne - Comment dompter les trolls
Connaissez-vous les trolls ? Les harceleurs anonymes qui essaient de vous réduire au silence sur les réseaux sociaux ou les forums ? Pour mieux comprendre ce phénomène et apprendre à y faire face, Stéphanie de Vanssay propose un Manuel d’auto-défense contre le harcèlement en ligne (Dunod, 2019). Grâce à ce guide pratique, mis au point par l’auteur, militante pédagogique très active sur Twitter et souvent harcelée, vous pourrez vous exprimer sans crainte...
Qui sont les trolls sur les réseaux sociaux, sont-ils toujours anonymes ?
N’importe qui sur les réseaux sociaux peut à un moment ou un autre se comporter de façon « trollesque », c’est-à-dire répondre de manière incisive, voire agressive, à un message, de préférence en se moquant de l’émetteur avec un bon mot. Après quand s’indigner, se fâcher, se moquer, caricaturer, attaquer, déformer de façon humoristique... devient un mode de communication habituel et récurrent, alors on a affaire à un troll.
La définition exacte de ce qu’est un troll est une question complexe et non consensuelle ; le livre explore les différentes définitions et propose un outil qui permet de déterminer si l’on a ou non affaire à un troll.
Contrairement à ce que l’on croit les trolls ne sont pas toujours anonymes, certains se permettent d’agir sous leur identité sans complexe. Il faut aussi rappeler que face à la justice, sauf à être un hacker d’un bon niveau, personne n’est totalement anonyme sur Internet et qu’en cas de délit (injure publique, diffamation, menace, propos racistes...) la plateforme fournit au juge les moyens d’identifier l’auteur d’un contenu.
Quel est leur mode d’action et sur quels réseaux principalement ?
Les trolls sont partout, dans tous les espaces numériques et dans la vraie vie aussi ! Ils critiquent, insultent, se moquent, détournent les conversations, poussent leurs « cibles » à bout et adorent jouir du spectacle de la pagaille qu’ils ont provoquée.
Les trolls s’adaptent au milieu où ils sévissent, ils sont plus actifs et plus visibles dans les espaces où les messages sont publics par défaut et où les règles de modération et les possibilités de blocage réel sont défaillantes. C’est notamment pour cela qu’on les voit beaucoup sur Twitter.
Quelles sont les bonnes stratégies face à ce phénomène ?
Pour moi la bonne stratégie à un moment donné est celle qui permet à la « cible » de vivre le moins mal possible l’attaque du troll tout en lui permettant de rester alignée avec ses valeurs et de ne pas perdre de vue les raisons de sa présence en ligne. Tout est possible (dans les limites de la loi) : ignorer totalement la provocation, répondre en tentant de désamorcer (avec humour par exemple), ne pas répondre directement au troll mais apporter des précisions à ses autres lecteurs… Toutes ces stratégies et les éléments à prendre en compte pour effectuer un choix qui nous convienne sont détaillées dans le manuel d’autodéfense #DompterLesTrolls qui se prolonge sur Internet.
Les jeunes sont-ils plus vulnérables ? Comment les protéger ?
Les jeunes sont assez peu confrontés à des trolls en tant que tels, qui s’attaquent plutôt aux militants, mais ils ont bien sûr à faire face à des contenus problématiques qui sont perturbants et peuvent être victime de cyberharcèlement. La meilleure façon de les protéger est de les accompagner afin qu’ils trouvent eux-mêmes des façons de gérer ces situations. Cela suppose un climat de confiance et un dialogue régulier parents/enfants à propos de nos activités respectives en ligne, de ce qui peut se passer, de comment essayer de désamorcer cette violence. Il ne faut ni dramatiser, ni minimiser, ce qui se passe en ligne n’est pas virtuel et a des conséquences dans la « vraie vie ». Il est important de féliciter nos enfants à chaque fois qu’ils nous font part d’un souci qu’ils rencontrent en ligne, même s’ils ont commis une imprudence ou si cela nous semble anodin. Un chapitre du manuel et un témoignage sont consacrés à cette question de l’accompagnement des jeunes face au risque de cyberharcèlement.