Guillaume Evin, journaliste spécialiste du cinéma, nous propose une sélection de films cultes qui ont marqué l’histoire. Il décrypte et analyse ce qui a rendu chaque film cultissime !
Alors, le « vrai » film culte reste un OVNI, un phénomène rare du cinéma : atypique et imprévisible, il ne se fabrique pas. Il ne se décrète pas plus qu’il ne se « markète », quand bien même il aurait été conçu d’emblée pour plaire à un public conquis d’avance. Il devient culte ou… non ! C’est un original, un inclassable, parfois un film quelconque. Un opus élevé au rang de totem, appartenant à tous les genres possibles (drame, comédie, science-fiction, horreur, thriller, érotisme, romance, western, humour…).
Ce peut-être un blockbuster comme une production modeste, un triomphe du box-office comme un désastre commercial au moment de sa sortie. Sa particularité est d’entrer en résonance avec son époque, de tendre un miroir – complaisant ou déformant – au public qui le reçoit.
Le film culte marque durablement une génération, laquelle se reconnaît en lui à un moment donné et lui voue un attachement totalement déraisonnable, presque irrationnel. C’est un coup de cœur personnel qui touche en réalité toute une classe d’âge. C’est un film à « aimer » et non forcément à « admirer ». On l’aime du reste précisément pour ses défauts, son outrance, son côté décalé, déjanté, loufoque, irrésistible ou attachant. On l’aime tout simplement « trop », et c’est pour cela qu’il nous est devenu culte.
Mais, qu’est-ce qui le rend unique ? Son scénario ? Son casting ? Sa musique ? Ses dialogues ? Sa photographie ? Ses décors ? Oui, mais pas seulement. Il y a autre chose… Un je-ne-sais-quoi d’impalpable qui tient de l’air du temps et de séquences marquantes, de répliques inoubliables gravées dans la mémoire nationale. Il échappe à toute modélisation et toute reproduction. Il résiste aux critiques les plus féroces. Il devient un objet de culture en soi. Il est un spectacle à lui seul quand il suscite ses propres rituels.